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Le Pen et les journalistes, je t’aime, moi non plus...

La relation entre Jean Marie Le Pen et la presse à toujours été particulière. Entre amour et désamour, les journalistes semblent être les seuls à être encore intéressé par le fondateur du Front National.
Reportage.
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(Jean Marie Le Pen après le dépôt de gerbe le 1 er mai 2018 Photo : Hugo Couturier)

Place des pyramides, Paris, mardi 1er mai, une voiture arrive, une nuée de journaliste court pour apercevoir son occupant. Ils se questionnent, porte arrière droite ? Porte arrière gauche ? Les journalistes guettent, se bousculent et se font repousser par la sécurité. C’est par la porte avant droite, que sort l’homme tant convoité par les journalistes, ce n’est pas le “Royal Baby” ou une star hollywoodienne, mais un vieil homme, brin de muguet sur la veste, cravate verte, qui se dirige vers la porte de l’hôtel Régina faisant face à la statue de Jeanne la Pucelle.

Ce papy se déplaçant avec difficulté, tant convoité par les journalistes, c’est Jean Marie Le Pen, 89 ans, le fondateur du Front national.

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(Jean Marie Le Pen à la sortie de l’hôtel Régina Photo : Hugo Couturier)

Comme chaque premier mai depuis 30 ans, il dépose une gerbe de fleurs sur la statue en l’honneur de Jeanne D’arc. En 1988, 30.000 personnes avaient suivi Jean-Marie le Pen, depuis, Bruno Mégret a fait sécession en 1998 et la nouvelle présidente du Front national, Marine Le Pen, sa fille, lui a tourné le dos en l’excluant du parti qu’il avait fondé en 1972. Jean Marie Le Pen, lui, a surtout vieillit et pour la première fois ne défile pas contrairement à la tradition du 1er mai qu’il avait lui-même instauré. “Je suis en convalescence, et je n’ai pas la force de défiler” , déplore le nonagénaire face à son noyau dur de partisans.

“Il ne représente plus grand chose auprès des militants et peut être même plus auprès des journalistes”

Une mobilisation très faible par rapport aux précédentes années, une baisse de participation qu'observe depuis quelques années plusieurs journalistes. “Il y a une sorte de “Fascination” envers l’homme politique qu’il a été, explique Matthieu Brandely, présent pour Yahoo !, on assiste à une déchéance d’un grand homme politique français, il reste environ 200 personnes autour de lui, c’est un peu grandeur et décadence de Le Pen père. Il ne représente plus grand chose auprès des militants et peut être plus auprès des journalistes.

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(Jean Marie Le Pen devant les journalistes Photo : Hugo Couturier)

Merci d’être venu si nombreux” répond narquois Jean Marie Le Pen à ces 40 à 50 journalistes présents sur place, qu’ils soient là pour la presse écrite, la radio, la télé, ou en live internet, en surnombre évidemment par rapport aux manifestants sur place. À chaque ouverture de la porte, les journalistes guettent tous, la sortie du doyen du Parlement européen, prêt à dégainer appareils photo, caméras ou micros.

“Jean marie Le Pen est un bon client”

Quand l’ancien président du FN sort enfin de l’hôtel les micros sont braqués sur lui dans l’espoir d’une petite phrase, comme Julia Van Aelst, présente sur place pour BFM TV, l’explique “Jean marie Le Pen est un tribun, il a toujours une petite phrase à dire, c’est un bon client, comme on dit dans le métier”. Cette année, le député européen a assuré qu’il n’était “ni changiste, ni échangiste”. Les journalistes sont aussi présents pour avoir des réactions sur la relation tumultueuse entre Jean Marie Le Pen et sa fille. “Jean Marie Le Pen reste le père de Marine, la présidente du FN, elle-même très suivie par les médias. Et comme ils sont dans une guerre familiale, on suit ça, et on se demande à chaque déplacement de Jean Marie Le Pen s’il ne va pas encore commenter une action de sa fille. Ses échanges de ping-pong entre les deux ça nous intéresse” confirme la journaliste.

 

Le dépôt de gerbe de Jean Marie Le Pen, est un événement politique en plein déclin intéressant désormais seul quelques partisans de l’ultra droite radicale, et principalement  des journalistes.

Jean Marie Le Pen lui n’as pas exclu d’être candidat à sa réélection au Parlement européen en 2019 “Je suis déjà le doyen des députés, je serais alors le doyen des candidats, qui sait ! Un an à l’avance, c’est difficile de dire ce qui va se passer, je ferais ce que mon devoir m’indiquera”.

Il sera alors le doyen des candidats et les journalistes ne manqueront pas de suivre sa campagne avec assiduité.

“ T'arrêtes de nous filmer ou je t'explose ta face de cul.”

Alors que la relation entre les journalistes et Jean Marie Le Pen est assez cordiale,

la relation entre les journalistes et la sécurité de Jean Marie Le Pen est quand elle plus tendue ,les journalistes sont régulièrement bousculés et menacés par le SEP.

 

En 2016, Cyrille Eldin en a fait les frais, après avoir posé une question, à Jean Marie Le Pen, il fut évacué assez violemment par la sécurité “Ah, on me pousse, on me dégage”, alors que la caméra se prend un violent coup, en stoppant net. Cyrille Eldin se fait ensuite empoigner par 3 membres de la sécurité et repoussé sans ménagement sous la huée des manifestants déjà échauffé par la présence de la presse “Journalistes collabo” entends on en fond.

L’un des membres de la sécurité à la moustache taillée lui lance un “dégage de la toi” avant d'empoigner encore plus violent le caméraman de Cyrille Eldin. Finalement le chroniqueur de Canal+ et son cameraman quitteront la zone.

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(Cyrille Eldin se faisant expulser par la sécurité le 1 mai 2016.
Capture d’écran Youtube)

En 2017, notre journaliste s'était fait menacer par deux membres de la sécurité, alors qu'il était à l'écart au doux son de “ t'arrêtes de nous filmer ou je t'explose ta face de cul” le tout en tapant dans la caméra.

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(Membre de la sécurité menaçant un journaliste Photo : Hugo Couturier)

Une ambiance confirmée par Julia Van Aelst, journaliste à BFMTV “Il y a souvent eu des problèmes avec les agents de sécurité, ils ne nous traitent pas tendrement par rapport à d’autres partis. Mais ça ne nous empêche pas de faire notre travail.” Conclut-elle. Cette année malgré quelques bousculades provoquées par le SEP, aucune menace directe envers les journalistes présents n’as été relevée. Mais les membres de la sécurité ayant eu des comportements violents les années précédentes sont eux toujours là.

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(Membres de la sécurité ayant déjà eu recours à des menaces Photo : Hugo Couturier)

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